Fiche descriptive Western Dobbs Nicola Genzianella Claudia Palescandolo Glénat Comix Buro 04 Janvier 2023 14€95
9782344039342 Chronique Souviens-toi que tu vas mourir Les chaines de la haine |
Kentuky, 10 mai 1866. La Guerre de Sécession vient de s’achever dans la souffrance et l’amertume… Mais certains refusent encore de déposer les armes… Une troupe de soldats nordistes, bientôt rejoint par une autre aux abords de Taylorsville, s’apprête à lancer l’assault contre une grange où se sont retranchés William Quantrill et ses hommes, auteur du glaçant massacre de Lawrence… Nombreux mourront lors de l’assaut mais Blackwood parvient à s’extirper du bâtiment en flamme pour gagner le ponton à l’arrière de la maison. Poursuivit par Meadows, une tunique bleue qui a perdu sa femme à Lawrence, ils tombent tous deux à l’eau mais sont repêchés par deux vieux chercheur d’or qui cherchait une main d’œuvre corvéable à loisir… Ils se retrouvent enchaînés l’un à l’autre, pour le meilleur mais surtout pour le pire… Profitant d’une tempête de sable, ils parviennent à leur fausser compagnie mais se retrouve bien vite traqués par un ours redoutable… un western âpre et rugueux Comme toute guerre civile, la Guerre de Sécession a laissé des stigmates indélébiles dans la société américaine. Après s’être entretué durant des années, le nord et le sud allait pourtant devoir apprendre à cohabiter au sein d’une seule et même nation… Mais, comme on le sait, cela ne se fera pas sans heurts…Blackwood, sudiste hanté par le massacre de Lawrence auquel il a participé malgré lui et Meadows, nordiste noir habité par une soif inextensible de vengeance qui a perdu sa femme dans le dit massacre, vont en quelques jours apprendre à vivre ensemble pour faire face à l’adversité… Et les embûches qui se dresseront sur le chemin seront aussi dangereuses qu’impromptues ! Par le truchement de fhashback, Dobbs, scénariste à qui l’on doit notamment Hit the road (dessiné par Afif Khaled) ou Scotland Yard (mis en scène par l’incroyable Stéphane Perger), nous entraîne dans les tourments de Blackwood qui accepte difficilement le rôle qu’il a joué à Lawrence, parfois bien malgré lui… et on ne comprend que vers la fin de l’album que le lien qui le lie à Meadows est bien plus fort encore qu’il n’y parait… Avec la haine et la rédemption en toile de fond, le récit composé par Dobbs s’avère aussi haletant que tragiquement désespéré… Pourtant, par un savoureux revirement, le scénariste parvient à finir sur une note tragiquement optimiste, avec cette lueur de possible fraternité qui vient dissiper, pour un temps au moins, les fumées noires émanant des ruines encore fumantes d’un pays ravagé par la guerre… Si le récit est un western âpre et rugueux, le message distillé dans les pages de l’album a une portée plus universelle, abordant une thématique encore et toujours d’actualité : comment vivre ensemble malgré les différences, les dissentions et les haines héritées d’un douloureux passé… Ambiancée par les subtiles couleurs de Claudia Palescandolo, le trait puissant du dessinateur milanais Nicola Genzianella s’avère être d’une redoutablement efficacité. L’artiste a travaillé ses cadrages comme un cinéaste l’aurait fait pour un long métrage, avec des angles audacieux et fascinants qui immergent le lecteur au cœur de l’action et accentue la tension des scènes d’action avec maestria. La Guerre de Sécession a pris fin mais les haines ne sont pas éteintes pour autant… Le destin a enchaîné Meadows, un soldat noir dont la femme perdu la vie lors du massacre de Lawrence, à Blackwood, un ancien soldat sudiste qui y aurait participé. Dans ce western crépusculaire, Dobbs nous livre un récit implacable, tout à la fois sombre et haletant, joliment mis en scène par les crayons de Nicola Genzianella et les couleurs de Claudia Palescandolo… L’éclectique scénariste ne laisse ni au lecteur ni à ses héros le temps de reprendre leur souffle alors que nos deux héros s’acheminent lentement vers leur inexorable destin. Avec un tel titre, Souviens-toi que tu vas mourir, on pouvait s’attendre à une fin tragique. Malgré cela, le lecteur conserve un fragile espoir chevillé au corps… à tort… Et pourtant, l’album s’achève sur une note lumineuse et optimiste qui semble nous murmurer qu’un avenir commun est possible, au-delà des haines… - Sois-maudit… où que tu ailles..
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