Fiche descriptive Roman Graphique Edith Edith Edith Oxymore Editions Noctambule 25 octobre 2023 20€95
9782385610135 Chronique Moi, Edin Björnsson Passé antérieur |
Alors qu’elle consultait une magnétiseuse pour apaiser ses migraines, cette dernière a révélé à Edith que dans une vie antérieure, elle était un pêcheur islandais coureur de jupons qui fut assassiné par un mari jaloux… C’est ainsi qu’est né ce récit qui raconte cette possible vie antérieure d’un jeune homme chétif et séducteur qui vécut dans l’islande du XIXe siècle… Edith, a-t-elle été Edin Björnsson ? La question reste en suspens… un récit poétique et envoûtant à la frontière des mondes porté par un dessin subtil vecteur d’émotions J’avoue avoir pour l’œuvre d’Edith une affection toute particulière. Sensible et plein de charmes et de poésie, chacun de ses albums m’a littéralement envouté, à commencer par cette fascinante et romantique Chambre de Lautréamont qu’elle a signé avec Corcal.Editée dans la prestigieuse collection Noctambule qui a quitté le giron de soleil pour rejoindre les toutes jeunes Oxymores Editions, fondées par un certain Mourad Boudjellal, Moi, Edin Björnsson, pêcheur suédois au XVIIIe siècle, coureur de jupons assassiné par un mari jaloux s’avère tout à la fois sublime et envoûtant… Son titre à rallonge semble résumer l’histoire de l’album… Mais c’est méconnaître les talents de conteuse d’Edith qui mène son récit avec finesse et sensibilité jusqu’à une conclusion attendue mais néanmoins subtilement différente de ce à quoi le lecteur pouvait s’attendre… L’idée de présenter son histoire comme une possible vie antérieure apporte une note fantastique l’ensemble et accentue les charmes de l’histoire… Mais ce qui fascine surtout, c’est l’ambiance étrange et envoûtante que l’autrice parvient à distiller par le truchement de personnages simples et touchants, à commencer par celui d’Edin Björnsson que l’on va suivre du berceau à la tombe… L’autrice nous immerge avec force dans cette Islande du XVIIIe siècle, décrivant la rudesse du climat, l’enfance tourmentée d’un jeune garçon fragile, la misère et la pauvreté qui vont l’obliger à s’engager comme marin, la rencontre d’un voyageur qui propose ses bras en échange d’un lit et d’un repas et qui allait le prendre sous son aile, celle d’une étrange guérisseuse que l’on oublie peu à peu, la découverte de l’amour et de l’inconstance, la perte de la seule femme qu’il aime vraiment et qui va le pousser à prendre la route pour sortir de sa torpeur et s’extirper de sa langueur… Sans oublier le destin que devra fatalement affronter Edin Björnsson… Rehaussées par une mise en couleurs envoûtante, le trait singulier et faussement naïf d’Edith met joliment ce récit en image. L’artiste retranscrit les émotions de ses personnages avec la sensibilité et la délicatesse qui la caractérise, esquissant un portrait tout à la fois touchant et saisissant de chacun d’entre eux, leur permettant de… s’incarner pleinement. Son approche naturaliste et le soin apporté à la reconstitution du cadre de vie des suédois renforce la dramaturgie et l’authenticité de l’histoire. Dans une vie antérieure, Edith, l’autrice de l’album aurait été un pêcheur coureur de jupon, mort assassiné par un mari jaloux. Ce biais narratif est indéniablement l’un des charmes de cet album au titre fleuve qui nous immerge dans la Suède du XVIIIe siècle, dérivant la rudesse du climat et la misère qui était le quotidien d’Edin Björnsson, enfant frêle et fragile qui allait s’abandonner à la torpeur après avoir perdu la seule femme qu’il ait vraiment aimé… Porté par le trait sensible et délicat d’Edith, ce récit âpre, touchant et poétique s’avère fascinant et l’on ne peut qu’admirer le travail graphique et scénaristique de cette autrice qui construit, au fil de ses albums, une œuvre aussi singulière qu’envoûtante… - Bon, comment va-t-il s’appeler cet asticot ?
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