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Jusqu'ici tout va bien
Jusqu'ici tout va bien



Fiche descriptive

Roman Graphique

Nicolas Pitz (d'après le roman de Gary D. Schmidt)

Nicolas Pitz

Nicolas Pitz

Ecole des Loisirs

Rue de Sèvre

14 Février 2024


20€

9782810203857

Chronique
Jusqu'ici tout va bien
Les oiseaux d’Audubon

1968, dans une petite ville de l'État de New York. Un père sans repères, une mère sans remède. Deux grands frères, l'un brutal, l'autre avalé par la guerre du Vietnam. Pas assez d'argent à la maison, des petits boulots pour se maintenir à flot. Trop de bagarres au collège.

Une bibliothèque ouverte le samedi pour s'évader. Une collection d'oiseaux éparpillée à tous les vents. Des talents inexploités. Et une envie furieuse d'en découdre avec la vie.

Dans ce contexte sinistre mais pas dénué d'espoir, Doug s'efforce de ne plus être ce que tout le monde semble penser qu'il est, un « voyou maigrichon ».

Grâce à Lil, alliée inattendue, il va trouver la force d'affronter le passage de l'adolescence et l'envie de rêver à des horizons plus radieux.
un excellent album!


Les oiseaux d’Audubon
Jusqu'ici tout va bien, planche de l'album © Rue de Sèvres / Pitz / SchmidtNew York, 1968. Douglas Swieteck vit un véritable rêve… Bien qu’habitant à deux pas du Yankee Stadium et fan absolu de baseball, l’adolescent n’y avait jamais mis les pieds… Alors imaginez sa joie lorsque Joe Pepitone lui offre sa casquette !

Mais, de nature pessimiste, Doug sait que si sa famille qui ne roule pas sur l’or a acheté des billets pour voir ce match, c’est qu’il va se passer quelque chose de grave… Et ça n’a pas tardé… La casquette, son crétin de frère lui a volé pour l’échanger contre des cigarettes et un soir, au cours du repas, son père leur annonce qu’ils vont quitter New-York pour aller vivre chez les péquenauds dans un bled paumé où il a trouvé un travail… Doug sait que les choses vont aller de mal en pis…

Et les fait que dans cette ville de ploucs qu’il déteste déjà, entre ses journées mornes, ses heures de colle, les coups et les brimades de son père, son frère qui fait les 400 coups, son quotidien est des plus terne et désespérant… Mais il rencontre Lilly, une ado de son âge qui l’entraîne à la bibliothèque où il va découvrir les somptueuses planches de l’ornithologue naturalistes de Jean-Jacques Audubon qui allait, sans qu’il s’en doute, bouleverser sa vie…


Jusqu'ici tout va bien, planche de l'album © Rue de Sèvres / Pitz / Schmidt
un récit sobre et bouleversant
On sent dès les premières pages que ce gamin est sur le fil et qu’il suffirait d’un rien pour qu’il bascule et ne bousille sa vie en faisant une belle connerie… Narrateur de l’histoire, il partage avec le lecteur un pessimisme bouleversant chez un jeune homme de son âge et des remarques cinglantes et désabusées. L’auteur parvient d’emblée à instaurer cette proximité avec ce personnage, rendant son récit particulièrement prenant et entraînant…

A travers Doug, Gary D. Schmidt nous brosse un portrait saisissant de l’Amérique profonde des sixties, celles des déshérités et des laisser pour compte, ceux qui subissent leur condition, sans espoir de s’en sortir, et qui, à force de ne pas être considérés risquent de sombrer dans la petite ou la grande délinquance… Le Vietnam s’invite dans l’histoire avec ce grand frère qui va revenir détruit de cette guerre, tandis que l’homme s’apprête à marcher sur la Lune… Nicolas Pitz parvient à retranscrire tout cela dans cette formidable adaptation, faisant partager au lecteur la frustration de Doug, sa colère grandissante contre la société, contre ce père indigne qui gueule et frappe plutôt que de discuter et qui ment éhontément… Le portrait de chaque personnage s’avère saisissant de justesse, de cette mère aimante et dépassée par les évènements à ce père violent en passant par ce frère soupçonné de plusieurs cambriolages… Jusqu'ici tout va bien, planche de l'album © Rue de Sèvres / Pitz / SchmidtMais il y a aussi toutes ces rencontres qui vont infléchir le destin du jeune homme, de Lilly qui va regarder Doug avec bienveillance en passant par son père, propriétaire d’une épicerie qui va lui accorder sa confiance, ou Monsieur Powell qui va initier Doug à l’art en passant par cette écrivaine ou une partie de ses professeurs… Chacun sera comme une petite lueur dans la nuit, source d’un espoir fragile et ténu mais revigorant…

Le dessin de Nicolas Pitz est au diapason de ce récit à l’écriture ciselé, avec un trait plein de sensibilité qui nous donne à voir autant qu’à ressentir les émotions et les états d’âme d’un gamin cabossé par la vie. Si le récit est en noir et blanc, des bulles de couleurs viennent illuminer l’histoire lorsque Doug sent qu’il effleure le bonheur, en contemplant l’une des superbes planches d’Audubon, lorsqu’il discute avec Lilly ou avec Madame Windermere, l’un des clientes de l’épicerie du père de Lilly avec qui il va tisser des liens très forts… Les relations entre les différents personnages de l’histoire sont retranscrites avec finesse tandis que ses décors pourtant minimalistes parviennent à nous immerger au cœur des sixties de façon confondante…

Jusqu'ici tout va bien, planche de l'album © Rue de Sèvres / Pitz / SchmidtAdaptation du roman éponyme de Gary D. Schmidt, Jusqu'ici tout va bien est un album bouleversant de justesse qui nous immerge dans le quotidien terne et désespérant d’une famille modeste et dysfonctionnelle de l’Amérique des sixties…

Son père ayant trouvé du travail dans une bourgade perdue in the middle of nowhere, Doug et sa famille sont contraints de quitter New-York pour y déménager. L’ado déteste l’endroit au moins autant qu’il déteste son crétin de frère qui ne va pas tarder à se faire remarquer par divers cambriolages qui vont attirer sur Doug et sa famille un regard suspicieux. Pessimiste de nature, Doug va pourtant faire des rencontres déterminantes qui vont être de petites lueurs vacillantes dans son triste quotidien : Lilly, une gamine de son âge, qui va le regarder avec bienveillance, le père de celle-ci qui va lui faire confiance en l’engageant comme livreur, Monsieur Powell ou Madame Windermere qui vont tous deux lui ouvrir les portes d’un univers inconnu…

Nicolas Pitz s’empare de la matière du roman pour en signer une remarquable adaptation. Ses crayons mettent en scène un Doug bouleversant de justesse, enfermé dans sa triste aptitude à croire que le pire est à venir, tout en portant sur sa vie un regard plein d’un humour grinçant… On sent qu’il marche en équilibre sur une ligne de crête et que son destin s’apprête à basculer, pour le meilleur comme pour le pire… Jusque-là, tout allait bien… Mais jusqu’à quand ?

Cet album est une petite merveille d’histoire porté par une mécanique narrative de précision qui instaure une saisissante proximité avec ce héros cabossé par la vie qui vous bouleversera, tout comme il nous a bouleversé…


- N’est-ce pas une merveille ? On peut le sentir plonger dans les airs. Je suis vnu tourner la page. Je fais ça une fois par semaine. Mais je peux attendre si vous voulez.
- Qui a dessiné ça ?
- Jean-Jacques Audubon. Il y a presque cent-cinquante ans. Vous voulez essayer de le dessiner, jeune homme ?
- Je ne dessine pas.
- Vous n’avez jamais essayé ?
- Je ne dessine pas.
- Ah ! Parfait… Je vais quand même laisser le livre ouvert à cette page. On a des feuilles et des crayons si vous le désirez.
- Le dessin, c’est pour les crétins et les filles. Je ne dessine pas.
- Si vous le dites.dialogue entre Monsieur Powell et Doug
Le Korrigan




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