Keffe, l’un des trois empereurs du Sud, agonise, paisiblement… Si ses proches sont tristes de voir mourir le Faiseur de Paix, tous savent qu’au moment même de sa mort, il renaîtra, au cœur du désert, porteur de l’éclat impérial qui est sa marque et qui lui permettra de reprendre sa place dans la cité impériale de Djaname'Syrt aux côtés de Tana la Guerrière et Nuté la femme sage…

Mais la femme qui s’apprêtait à enfanter dans une yourte du désert profond est sauvagement massacrée avec ses proches et son nouveau-né appelé à succéder à Damal O’Keffe…

Plus loin, au nord, Tulas Sar’Vatia, irascible capitaine de la compagnie des Ombres arrive trop tard. Il n’a pu empêcher de sanguinaires pirates de massacrer des pèlerins désireux de rallier la Cité Sainte de Vésune. Engagé pour les protégés, il sait que son échec pourrait bien lui coûter sa tête… Il se lance à la poursuite du navire pirate, le rattrape et châtie impitoyablement son équipage… Durant l’abordage, il assiste une femme en train d’accoucher tandis que son second mène l’assaut… Si la mère meurt en couche, le nouveau-né semble être en bonne santé… Il porte sur son front la marque argentée de Keffe…

Maître de la fantasy, Nicolas Jarry pose les bases d’une nouvelle série qui nous entraînera au cœur d’un monde dangereux et fascinant esquissé avec l’aide de Jean-Luc Istin avec qui il préside la destinée des Terres d’Arran…

Le scénario s’avère puissant et immersif. Dès la première séquence, l’auteur nous dévoile des pans de son univers, avec cette trinité impériale qui règne sur l’Empire de Kana-Nuiba depuis des siècles et qui se réincarne pour assurer la pérennité de l’empire… Nicolas Jarry fait une nouvelle fois montre de ses talents de conteur en signant un récit choral parfaitement orchestré qui voit différents fils narratifs se nouer dans une planche savamment composée par l’impressionnant Miguel Angel Ruiz : un homme agonise, une femme accouche et un capitaine empli de rage souque ferme pour rattraper un navire pirate… Le capitaine de la Compagnie des Ombres porte ce premier opus, avec son caractère emporté, son sens de l’honneur et son passé trouble et tourmenté qui, s’il n’est esquissé, suffit à poser le personnage et à lui donner suffisamment de consistance pour qu’on s’attache à son destin…

Tout en déroulant un récit d’aventure épique et fantastique, le scénariste parvient à nous livrer quelques-unes des clefs permettant d’appréhender cet univers qu’on devine riche et foisonnant : un empire puissant et florissant, un autre belliqueux désireux d’en découdre, une religion qui pousse ses adeptes à semer les germes de la guerre…

Le trait puissant de Miguel Angel Ruiz donne corps à l’univers né sous la plume de Jean-Luc Istin et Nicolas Jarry. Joliment mises en valeur par les couleurs de Vincent Powell, les compositions fascinantes du dessinateur italien esquissent avec maestria les contours de ces civilisations qui s’apprêtent à basculer dans la guerre fomentée par les fanatiques de la cruelle déesse Igdar. Sa narration graphique s’avère particulièrement fluide alors que la pertinence de ses cadrages nous immerge au cœur même de l’action tout en laissant la part belle à l’émotion…

Premier opus d’une série prévue en cinq tomes, La Compagnie des Ombres reprend les ingrédients d’Elfes, Nains, Orcs et Gobelins : un univers dense et foisonnant, des personnages forts et attachants, et une intrigue épique et entraînante conté par l’un des protagonistes de l’histoire…

Damal O’Keffe, l’un des membres de la trinité impériale qui règne sur le puissant Empire de Kana-Nuiba se meurt… Mais, à la seconde même où il expire, il renaît dans une yourte du Désert Profond, au sud de l’Empire… Au même moment, des pèlerins voguant vers la Cité Sainte de Vésune sont massacrés par des pirates que Tulas Sar’Vatia, irascible capitaine de la Compagnie des Ombres, prend aussitôt en chasse… Alors que l’enfant portant la marque impériale est massacré par une bande d’assassins adorateurs de la cruelle Igdar, un autre enfant né sur le pont couvert de sang du navire pirate, porteur de la marque argentée de Keffe…

Avec le talent qu’on lui connaît, Nicolas Jarry parvient à tisser un scénario épique et captivant tout en posant les bases d’un monde cohérent et violent qui s’apprête à basculer dans la guerre… Le dessin puissant de Miguel Angel Ruiz donne corps à cet univers né sous la plume de Jean-Luc Istin et du scénariste, les cadrages percutants de l’artiste espagnol immergeant avec force le lecteur au cœur de l’action, dans le sillage du tourmenté Capitaine de la Compagnie des Ombres, narrateur d l’histoire… Oui, décidemment, cet Empires démarre sous les meilleurs auspices et comblera sans nuls doute les amateurs de récits de dark-fantasy…

On était arrivés trop tard ! Les pirates venaient juste de mettre les voiles avec le butin après avoir massacré tout le monde… J’avais été engagé pour protéger les pèlerins et j’avais échoué. Ça allait me coûter cher. Et pas qu’en or. Je risquais littéralement de perdre la tête.Tulas Sar’Vatia