[©G20714©Les dieux semblent avoir déserté les terres d’Alba et abandonné les hommes. Les Sept Royaumes menacent de sombrer dans le chaos, assaillis de toutes part par les Hiberniens, les Cimbres et les Pictes…

Merlin est persuadé que seul l’avènement d’un Haut-Roi permettrait d’empêcher la ruine d’Alba. Pour lui, il ne fait aucun doute qu’Arthur est l’élu. Mais ce dernier n’aspire qu’à régner sur le Royaume des Cerfs que lui a conféré le mariage avec la belle Elwen et à permettre à ses hommes de s’y établir et d’y vivre en paix…

Tandis que Mordred doit se battre pour survivre dans les arènes Pictes, les Hiberniens attaquent la Cités-des-Lacs le jour des noces d’Elwen et d’Arthur et les deux jeunes époux organisent la défense et repoussent vaillamment ce premier assaut, contre les Sept Royaume… La menace se précise alors que se prépare le Conseil des Rois qui verra l’élection du Pandraig par les sept rois y siégeant…

Le mythe arthurien, sans doute l’un des plus grands mythe européen, n’a cessé d’inspirer romanciers et scénaristes qui nous en propose chacun leur version, tantôt proche de ce qu’aurait pu être l’Arthur Historique, tantôt puisant ses racines aux tréfonds de la mythologue celtique tantôt baignant le récit de fantastique… C’est au tour du talentueux Jérôme Le Gris de s’emparer de cette matière pour tisser un récit fascinant et épique qui revisite avec audace, force et inventivité cette histoire si envoûtante…

Car si les personnages et la trame est connue, le scénariste de Lord Gravestone ou de la remarquable adaptation du Hawkomoon de Moorcock (dessiné par Didier Poli et un certain Benoît Dellac…) s’y montre inventif, modifiant subtilement chacun des protagonistes, à commencer par Arthur lui-même. Sa relation avec Merlin s’avère des plus intéressantes, l’un voulant le couronner Haut-Roi pour sauver Alba des dangers qui la menacent et l’autre, n’aspirant qu’à remiser son épée et abandonner son rôle de chef de guerre pour une vie paisible, malgré le futur sombre et chaotique prophétisé par le druide s’il refuse le trône… Plus inquiétant, le personnage de Mordred, fils de Brude, qui provoque ses geôliers pictes et défie la mort dans le camp picte de Drusen… On sent sa haine viscérale qui se retournera bientôt contre son demi-frère, promettant un affrontement dantesque… Et il y a Calibur qui, retrouvé par Nimüe, entre dans la danse peu avant Morgane, sœur de Mordred, sans oublier Elwen qui s’avère être une redoutable guerrière à même de défendre son royaume les armes à la main… Et cette tension entre les différents monarques qui accentue la dimension politique du récit et lui confère tout son sel alors que le Culte du dieu Blanc remplace peu à peu les anciennes croyances…

Assisté au storyboard par le talentueux Benoît Dellac, Paolo Martinello signe des planches de toute beauté. Le découpage de l’album s’avère être d’une redoutable efficacité, renforçant l’atmosphère propre à chaque scène, des plus épiques aux plus intimistes… Même la séquence du Conseil des Rois, point d’orgue de l’album, fonctionne parfaitement alors que les dialogues y sont nombreux… Et que dire de celles mettant en scène Mordred invectivant ses bourreaux, de la sensuelle nuit de noce entre Arthur et Elwen ou de la violente attaque des Hiberniens qui mettent la Cité des lacs à feux et à sang sinon qu’elles sont magnifiquement mise en scène ? Les cadrages soignés donnent à l’histoire l’amplitude nécessaire à ce récit qui revisite avec force le mythe arthurien. A l’instar du premier opus, la couverture où l’on voit le puissant Merlin s’avère magnifique et somptueusement maquettée…

Jérôme Le Gris s’empare du mythe arthurien pour tisser un récit original et captivant qui nous entraîne dans une Bretagne qui s’apprête à basculer dans le chaos sous les coups de boutoir des Pictes, des Cimbres et des Hiberniens.

Merlin en est persuadé : seul le Pandraig pourra endiguer les armées qui s’apprêtent à déferler sur les Sept Royaumes et pour lui seul Arthur peut endosser ce rôle… Mais le chef de guerre n’aspire qu’à la paix et se contente du Royaume des Cerfs dont il a ceint la couronne de par son mariage avec la belle et intrépide Elwen. Alors que le Conseil des Rois visant à élire le Haut-Roi d’Alba s’apprête à se réunir, Mordred défie la mort et ses geôliers au cœur du Mont Creux.

Si l’histoire d’Arthur a d’ores et déjà inspiré de nombreux films, romans ou bande-dessinée, force est de reconnaître que Jérôme le Gris nous offre une relecture fascinante du mythe arturien, porté par le trait puissant d’un Paolo Martinello particulièrement inspiré qui s’appuie sur un storyboard aussi fluide et efficace concocté avec le talentueux Benoît Dellac… Passionné de littérature arthurienne, j’avoue avoir été particulièrement enthousiasmé par ce second opus qui s’achève sur un climax fascinant… Et c’est peu dire qu’il me tarde de lire la suite !

- Si nous ne faisons rien, les Terres d’Alba disparaîtront.
- Je sais ce que tu attends de moi et je t’ai déjà répondu.dialogue entre Merlin et Arthurs