Jeune noble oisif et insouciant, Aselmo Ringardi doit se conformer au destin tracé par lui par son père pour assurer l’avenir de sa lignée… Mais lorsque la peste frappe à la porte, de la ville, entraînant la mort des habitants et de toute sa famille, le voilà poussé sur les routes du Royaume, avec un étrange sentiment de liberté…
Le roi est mourant et la guerre est aux portes du royaume… Après d’hasardeuses rencontres, il croise sur sa route la belle Lucrezia, fille du mage Géronte qui peut, dit-on, prédire le jour et l’heure à ceux qui croisent son regard… Voyant d’un mauvais œil la passion naissante entre sa fille adorée et le jeune Aselmo, il le chasse de chez lui après avoir prophétisé sa mort dans un an, jour pour jour…
Ebranlé par cette funeste prophétie, Aselmo reprend la route. Persuadé de ne pouvoir mourir avant la date fatidique, les dires de Géronte n’ayant jamais été prises en défaut, il va vivre une vie d’aventure qui le conduira sur le trône… Mais le sable s’écoule, inexorablement, dans le grand sablier de sa vie…
Auteur majeur de la littérature allemande de la première moitié du XX siècle, Arthur Schnitzler laisse dernière lui une œuvre considérable constituée de plusieurs nouvelles, romans et pièce de théâtre, dont cet Aventurier, publié en 1937 à titre posthume… Alessandro Tota et Andrea Settimo s’emparent de cette œuvre inachevé et, s’appuyant sur les notes de l’auteur, ont emmené le roman à son terme en le mettant en image de la plus belle des façons…
Lorsque l’histoire s’amorce, on pense lire un récit historique se déroulant dans l’Italie sublime et tourmentée de la Renaissancé ravagée par la peste alors que la guerre couve tandis que l’ennemi est aux portes du royaume et que le roi se meurt… Mais l’arrivée de Géronte, prophète crain et respecté, va apporter une note de fantastique à cette histoire qui se pare alors des atours du conte fantastique tandis que Aselmo Ringardi, jeune noble qui n’a pas versé de larmes lorsque ses proches sont morts, emportés par la peste et goûtait enfin aux saveurs enivrantes de la liberté, allait être hanté par la connaissance et du jour de l’heure de sa mort… Alors que Lucrezia, femme lettrée rompue aux arts et au combat incarne l’idéal de la Renaissance, Aselmo n’est qu’un jeune homme oisif qui, se pensant immortel jusqu’à la date fatidique, va faire preuve d’une témérité confinant à la folie et qui fera de lui un héros aussi craint que respecté, tout à la fois attachant et révulsant, par les actes sanguinaires qu’il commet et par sa triste et fragile humanité, promis à la mort qui viendra à son heure, inexorablement…
Renaissance oblige, de nombreux complots s’ourdissent à l’ombre du trône tandis que la maladie et l’épidémie accompagne la guerre en un funèbre cortège… Sans en avoir pleinement conscience, le jadis insouciant Aselmo Ringardi est en train d’écrire l’Histoire et de forger sa légende, bien que ses jours soient comptés… Et s’il hait de toute son âme ce mage qui a causé ses tourments, il n’a jamais cessé d’aimer sa fille, la belle et savante Lucrezia… La vie est éphémère et la mort en est le terme… Mais qu’importe l’issue, seul compte le voyage… et l’amour ?
Mais si le récit historico-fantastique d’Alessandro Tota s’avère aussi fascinant que captivant, le formidable dessin d’Andrea Settimo sublime littéralement l’album… Il y a tout d’abord cette couverture, somptueuse et fourmillant de détails qui ancrent le récit dans la Renaissance italienne. Et si le trait se fait plus épuré dans les planches de l’album, il n’en reste pas moins d’une rare élégance. Les premières séquence de l’histoire nous rendent d’emblée attachant ce jeune noble qui va devoir se conformer à l’avenir tracé pour lui par sa famille… En retranscrivant avec soin ses états d’âmes, Andrea Settimo rend son revirement plus tragique encore… Hanté par sa mort annoncée, il va faire fi de toute morale et se laisser aller à ses plus sombres penchants… Qu’importe en vérité que le monde ne soit plus que cendre puisque, bientôt, il ne sera plus… Le travail du dessinateur italien est tel qu’on accepte facilement l’intrusion du fantastique dans le récit tandis que son formidable travail sur la couleur, qui donne corps à la Peste, sublime la beauté de Lucrezia, l’inquiétante folie ou la sagesse de ceux qui vont croiser sa route… L’artiste nous offrent des planches somptueuses et parfois hallucinées qui rappellent la formation de psychiatre du romancier allemand par la portée symbolique de certaine séquence, formidablement retranscrite en dessin par l’impressionnant Andrea Settimo…
Alessandro Tota et Andrea Settimo s’emparent avec virtuosité du roman inachevé de Arthur Schnitzler, figure incontournable de la littérature allemande du début du XXe siècle, pour signer un album étrange et envoûtant qui nous entraîne dans l’Italie de la Renaissance qui va se teinter de fantastique et se parer des atours du conte…
Jeune noble oisif étouffé par le carcan familial, Aselmo Ringardi voit sa vie bouleversée par le spectre de la peste qui sème mort et désolation dans sa cité… Seul survivant, il part sur les routes d’un royaume s’apprêtant à basculer dans la guerre… Il croisera la belle Lucrezia dont il tombera éperdument amoureux mais son père, le mage Géronte, opposé à une telle alliance, prophétisera la mort du jeune d’homme, dans un an, jour pour jour… Hanté par cette épée de Damoclès, Aselmo va vivre une vie d’aventure, oubliant le jeune homme insouciant qu’il fut et que Lucrezia aima…
Le dessin épuré d’Andrea Settimo fait la part belle aux émotions et aux sentiments. Mêlant avec virtuosité l’Italie de la Renaissance et éléments fantastique par un fascinant jeu de couleur et l’élégance de ses compositions, il contribue à faire de ce récit iconoclaste un conte qui interroge sur la mort et l’éphémérité de la vie…
- Que signifie tout ceci ? Est-il possible que quelqu’un puisse prédire l’heure de la mort ?
- En effet, c’est possible. Et si vous êtes patient, vous le verrez de vos propres yeux.dialogue entre Aselmo et un étrange voyageur
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