Fiche descriptive Histoire Nadia Nakhle Nadia Nakhle Nadia Nakhle Delcourt Mirages 9 octobre 2024 27€95
9782413048190 Chronique Les Notes rouges J’espère que tu viendras… |
Pologne, 1957… Après des années d’exil, Anna Kowalski revient dans sa ville natale où, concertiste réputée, elle est venue y donner un concert… Mais elle caresse surtout l’espoir de retrouver Dorian, son frère, dont elle a perdu la trace pendant les années noires de l’occupation allemande. Ce retour fait remonter les souvenirs… La disparition de leurs parents, l’orphelinat, la passion naissante pour la musique, les poèmes de son frère… et cette nuit où elle a entraîné son frère dans la salle de concert pour lui jour les premières notes d’un morceau composé en réponse à l’un de ses poèmes… cette nuit fatale où les allemands ont débarqué, les obligeant à fuir… un garçon qui chute, une main qui lâche… et la culpabilité qui la ronge depuis lors… Tout au long des années qui se sont écoulées, elle n’a cessé de lui écrire, sans savoir s’il lirait un jour ses lettres, comme pour entretenir le souvenir et s’accrocher à l’idée qu’il est toujours en vie… dans les méandres tortueux du souvenir Je fais partie de ceux qui ont découvert le saisissant travail de Nadia Nakhle avec Zaza Bizarre, album magnifique et intelligent qui aborde avec délicatesse et poésie la différence et le harcèlement… Les Notes Rouges nous entraînent dans un récit bouleversant qui met en lumière un pan méconnu de l’histoire de la Seconde Guerre Mondiale : les enlèvements d’enfants orchestrés par les nazis…Dans le but de germaniser les enfants polonais qui des caractéristiques physiques jugées « ariennes », héritées selon les nazis d’un aïeul allemand, près de 200.000 garçons et filles furent arrachés à leur famille pour être confié à des familles allemandes et éduqués au sein des écoles primaires des Schutzstaffel… Ce vol d’enfants est au cœur de ce récit bien qu’il se fasse jour tardivement dans le fil de la narration… L’album est divisé en chapitres qui le découpe en différentes mouvements d’une pièce musicale dont chacun possède un coloration qui lui est propre… Les premiers chapitres du livre sont consacrée à la pianiste concertiste Anna Kowalski de retour dans sa ville natale et à ses souvenirs qui l’accompagne et qui affleurent… La façon dont l’autrice nous fait partager les émotions qui assaillent la musicienne, subtil assemblage de textes et d’images, s’avère bouleversante de justesse… On se laisse entraîner par ses écrits, ses lettres sans réponses adressées à un frère absent que tous pensent mort… tous sauf Anna qui s’accroche à l’espoir qu’il ait survécu à cette nuit fatale, pour ne pas laisser la culpabilité qui la ronge d’avoir lâché la main de son frère prendre trop d’ampleur… Les larmes ne sont jamais bien loin tant l’autrice parvient à nous faire chavirer l’âme avec ce récit poignant et poétique qui nous fait remonter le temps, aux sources du drame, pour nous aider à mieux comprendre le présent. Mais, tandis qu’à l’instar d’Anna, le lecteur commence à avoir la certitude que le jeune frère n’a pas survécu, le récit bascule vers son histoire, ravivant la flamme de l’espoir qu’il soit toujours en vie… Sa vie est tout aussi poignante que celle de sa sœur, plus sombre encore même puisqu’il va être confié à une famille pétrie des idées nauséabondes des nazis… Pour survivre, il va devoir aller de renoncements en renoncement et s’efforcer d’oublier qui il était et tout ce qui était jusque-là sa vie… Ses lettres sont comme des réponses faites à celles de sa sœur, bien qu’elles aussi ne lui soient pas parvenues… La dimension épistolaire de l’histoire accentue sa dramaturgie de façon saisissante, achevant de nous bouleverser. Le dessin de Nadia Nakhle est une fois encore une petite merveille d’élégance, de sensibilité et de délicatesse. Les nombreuses planches muettes font comme les textes passer une foule d’émotions, conférant à l’album une dimension contemplative et poétique, comme si la musique de la compositrice avait été retranscrite en images, laissant au lecteur le temps de ressentir pleinement la mélancolie qui baigne les somptueuses planches rehaussées par une mise en couleur subtilement expressive… Après les Oiseaux ne se retournent pas et Zaza Bizar, Nadia Nakhlé nous livre un nouvel album bouleversant qui nous raconte l’histoire poignante d’une sœur et d’un frère séparés par la guerre… Pologne, 1957… Anna Kowalski, pianiste renommée, revient pour la première fois dans sa ville natale pour y donner un concert… Mais aussi et surtout dans l’espoir de retrouver ce frère qu’elle a perdu de vue, une nuit tragique lors de l’occupation allemande… Depuis, elle n’a cessé d’écrire des lettres à son petit frère, rongé par le poids du remord de n’avoir rien pu faire pour le sauver… Elle s’accroche à l’espoir qu’il soit toujours en vie et qu’il viendra lorsqu’il trouvera l’invitation qu’elle a mis bien à l’abri dans une boite dans le vieil arbre qui leur servait de refuge, les protégeait et gardait leurs secrets lorsqu’ils étaient enfants… Porté par un dessin d’une rare élégance et des couleurs délicieusement poétiques et chargée d’émotions, construit autour de lettres écrites mais jamais envoyée, l’album s’avère bouleversant de justesse et baigné d’une douce mélancolie… Cette histoire à deux voies met en lumière un pan méconnu de l’histoire de la seconde guerre mondiale à travers le destin tourmenté d’un frère et d’une sœur arrachés l’un à l’autre et qui ont grandi loin l’un de l’autre, sans même savoir si l’autre avait survécu… Les Notes Rouges est un album épistolaire, pudique, sensible et déchirant à même de chavirer l’âme des lecteurs les plus endurcis… Nadia Nakhlé est décidemment une autrice fascinante qui compose une fois encore un récit magnifique et délicat… Tu te souviens ?
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