28 octobre 1949. Le vol F-BAZN d'Air France s’écrase sur les hauteurs de São Miguel, ne laissant aucun survivant. A son bord, Marcel Cerdan venu rejoindre Edith Piaf à New York… Le boxeur qui tant de fois a fait vibrer les français n’est plus…

Né à Sidi Bel en Algérie le 22 juillet 1916, le petit Marcel se rêvait footballeur… Mais il fut contraint d’enfiler les gants de boxe sous la tutelle d’un père tyrannique et violent qui ne lui laissait guère de choix… Il devint boxeur professionnel en 1933 et ses compétences le firent débarquer en France pour conquérir le titre champion de France puis de champion d’Europe… La guerre allait mettre un temps sa carrière entre parenthèse…

Démobilisé après l’armistice de juin 1940, Cerdan va faire de la résistance avec ses gants de boxe en défaisant, défaisant notamment l’espagnol José Ferrer au Vel d’Hiv de sinistre mémoire devant un parterre de nazis… Après la guerre il redevint champion de France et d’Europe avant de conquérir le titre de Champion du Monde des poids moyens… Fidèle en amitié plus qu’en amour, sa disparition impromptue l’empêchera de tenter de reconquérir son titre mondial ravi par Jake LaMotta le 16 juin 1949…

Lorsqu’on lit cet album signé par Bertrand Galic, il est difficile de comprendre qu’aucun album ne fut consacré à ce boxeur tant l’homme avait tout du héros de roman… Plus étrange encore : le grand public ne connaît souvent de lui que sa liaison sulfureuse avec Edith Piaf et sa mort tragique dans un accident d’avion alors qu’il fut un résistant de premier ordre et qu’il aida par ses victoires à redonner aux français leur honneur terni pendant les années sombres…

Le choix du titre de l’album, Marcel: Cerdan, le cœur et les gants s’avère des plus pertinents : on s’intéressera plus à l’homme que fut Marcel qu’au grand champion que fut Cerdan, bien que l’un et l’autre soient bien évidemment inextricablement liés. S’amorçant avec l’accident qui lui coûta la vie, l’auteur commence son récit par la fin, faisant de cet élément connu de tout un chacun les fondations de son récit. Puis vient un flashback qui nous entraîne dans l’enfance de Marcel dont on apprendra qu’il ne souhaitait aucunement devenir boxeur mais que son père, violent et autoritaire, ne lui laissa pas l’opportunité de choisir d’autre voie que celle du « Noble Art »… Commence alors l’histoire de la vie de cet homme qui s’est hissé sur le toit du monde et qui a su conserver ses convictions chevillées au corps, montant sur le ring pour les défendre, malgré les risques encourus dans cette époque troublée de l’occupation…

Dès les premières planches, on est littéralement conquis par le travail graphique de Jandro Gonzalez, dessinateur des somptueux Vampire de Barcelone et de l’Ombre Rouge. La composition de ses planches s’avère une fois encore on ne peut plus fluide alors que sa mise en couleurs, tout juste virtuose, baigne le récit d’une douce mélancolie… Sensible et délicat, son trait plein d’élégance fait la part belle à l’émotion et au ressenti, esquissant avec finesse le portrait d’un homme célèbre et pourtant tellement méconnu. Les séquences avec sa maman, trop tôt disparue, s’avèrent bouleversante de justesse tant leur complicité est joliment retranscrite. Les liens unissant Marcel aux protagonistes de sa vie sont eux aussi esquissé avec finesse et subtilité, mettant en relief ses amitiés et ses amours de façon saisissante… Montrant un moment de tendresse et de complicité entre une mère et son jeune fils, la couverture à elle seule est un concentré du talent de dessinateur de Jandro qui parvient à capter l’émotion avec une facilité désarmante. La scène où il terrasse José Ferrer au Vel d’Hiv est d’une intensité rare, alors qu’on est bouleversé par son attitude lorsqu’il est pris par l’émotion lorsqu’il entend son Edith chanter à la radio…

Si tout un chacun sait qu’il fut champion du monde de boxe, amant d’Edith Piaf et mourut dans un accident d’avion, qui connaît l’homme que fut Marcel Cerdan ? Au-delà du champion que fut Cerdan, Bertrand Galic et Jandro se propose de nous raconter l’homme que fut Marcel et dont la vie à toute l’intensité de celle d’un personnage de roman…

Né à Sidi Bel en Algérie en 1916, le jeune Marcel se rêvait footballeur mais son père en a décidé autrement : il sera boxeur… Devenu professionnel en 1933, il gagna la France métropolitaine et devint Champion de France puis d’Europe avant que la guerre n’éclate et ne le contraigne à mettre sa carrière entre parenthèse… Il remontera pourtant sur le ring pour résister aux forces de l’Axe avant de reconquérir ses titres sitôt la guerre achevée, accédant même au toit du monde… Avant que d’être foudroyé et d’entrer dans la légende…

Le dessin plein d’élégance de Jandro déborde d’émotion tandis que son découpage fluide et sa mise en couleur fascinante bouleversent plus d’une fois le lecteur qui découvre la vie romanesque et méconnu de celui qui, en plus d’être un boxeur émérite, fut un grand homme, digne de l’admiration de ceux qui ont redressé la tête grâce à ses victoires… Marcel: Cerdan, le cœur et les gants est l’une de ces petites merveilles du neuvième art qui nous chavire l’âme en nous livrant un portrait plein de tendresse et d’émotions de l’homme, derrière les gants…

- C’était tellement fort, tout à l’heure, que j’ai du mal à redescendre. J’en ai encore des frissons. Pas toi, Lucien ?
- Si, bien sûr. Tu as rendu à tous ces gens ce qu’ils avaient perdu. Un peu de joie de vivre et surtout beaucoup de fierté. Ouai…. Grâce à toi, ils ont retrouvé leur honneur, leur dignité. Par contre, c’est sûr, y’en a d’autre qui vont t’en vouloir…
- On ne peut pas plaire à tout le monde.
- Tu ne devrais pas plaisanter avec ça, Marcel...dialogue entre Marcel et Lucien