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La Main du diable
La Main du diable



Fiche descriptive

Fantastique

Rodolphe

Griffo

Griffo

Anspach

17 janvier 2025


16€

9782931105351

Chronique

1892, à bord du Caldonia, l’écrivain Robert-Louis Stevenson rencontre un certain Charles Dawson, un admirateur très fortuné qui lui raconte son étrange histoire.

Dawson doit sa fortune à une main momifiée qui passe pour être celle du Diable, lui-même. Celui qui la possède voit réaliser le moindre de ses souhaits. Mais, s’il meurt sans avoir réussi à s’en défaire, il est envoyé brûler dans les flammes de l’enfer. Il doit donc la vendre avant son décès, mais à un prix inférieur à celui payé par le précédent propriétaire. Dawson précise que son histoire n’est pas encore finie, mais qu’il ne manquera pas de venir en narrer l’épilogue à Stevenson.

Arrivera-t-il à céder la main avant de rendre son dernier souffle ? Les deux hommes se reverront-ils pour découvrir la fin de l’histoire ? Seul le Diable le sait…
un excellent album!


La damnation de Charles Dawson
La Main du diable, planche de l'album © Anspach / Griffo / Rodolphe1892. A bord du steamer Caldonia faisant route vers San Francisco, Robert-Louis Stevenson est abordé par un certain Charles Dawson, grand admirateur de l’écrivain… Ce dernier va lui raconter son étrange histoire…

Alors qu’il venait de perdre son maigre pécule au jeu, Dawson s’est réfugié à Honolulu pour fuir ses créanciers, mendiant pour subsister… Sa route croise par hasard celle d’un richissime industriel prétendant tenir sa fortune de la Main du diable qui a exaucé tous ses vœux… Mais il doit à présent s’en débarrasser faute de quoi, une fois mort, son âme appartiendra au diable… Pour se faire, il doit la vendre à un prix inférieur que son prix d’achat… Telle est la règle… Et il propose à Dawson d’en devenir propriétaire…

Dès lors, la vie de Dawson changea du tout au tout… Heureux en affaire comme en amour, il avait de quoi accomplir le moindre de ses désirs, ce qu’il fit… Par sagesse et par prudence, il décide de se défaire de la main en la vendant… Mais, après un mariage qui fit de lui le plus heureux des hommes, il contracta le Mal Chinois, une maladie contagieuse et incurable… Sa seule chance de ne pas y succomber et de racheter la Main du diable qui est passée de mains en mains jusqu’à ne plus valoir qu’un cent… Il s’acquitte du prix et fait le souhait de guérir… Mais comment se défaire de la main qui le voue à la damnation éternelle alors qu’il doit la vendre à moins d’un cent ?


La Main du diable, planche de l'album © Anspach / Griffo / Rodolphe
un récit fantastique aussi captivant que fascinant
Pour tisser ce récit, Rodolphe s’est inspiré du |I]Diable dans la bouteille|/I] de Robert-Louis Stevenson qui serait dit-on inspiré d’une légende allemande, le facétieux scénariste faisant de l’écrivain écossais l’un des protagoniste de son récit, ou plutôt le dépositaire de l’histoire… De là à penser qu’il s’en serait inspiré pour écrire sa nouvelle, il n’y aurait qu’un pas que nous pourrions franchir sans vergogne… si l’histoire de la Main du diable ne se déroulait pas une année après la publication de la nouvelle de Stevenson dans les pages du New York Herald, bien que Veillées des Îles, recueil contenant la nouvelle, date pour sa part de 1893…

La construction du récit est comme de coutume impeccable Encadré par un prologue et un épilogue mettant tous deux en scène Stevenson, le récit proprement dit est donc celui de Charles Dawson qui endosse le rôle tenu par Keawe dans la nouvelle… Mais n’allez pas croire que le déroulé de l’histoire sera en tous points identique à celui du récit originel… Rodolphe s’amuse à accommoder à sa façon les différents éléments de l’histoire de Stevenson, de sorte que le lecteur ayant lu la nouvelle sera séduit de découvrir un récit à la fois proche de celui qu’il connait et pourtant délicieusement différent… La Main du diable, planche de l'album © Anspach / Griffo / RodolpheLa narration s’avère on ne peut plus fluide et chacun des personnages particulièrement convaincants…

Après Dickens & Dickens, Iruène et Utopies, Rodolphe associe une fois encore sa plume alerte aux crayons et aux pinceaux de Griffo, talentueux artiste belge à qui l’on doit notamment Monsieur Noir, Golden Dogs S.O.S Bonheur ou Giacomo C… et c’est peu dire que leur duo fonctionne une fois encore à merveille.

Le trait souple et généreux du dessinateur permet aux personnages écrits par son complice de s’incarner pleinement. Jouant sur les contrastes, sa palette de couleur pose avec art l’ambiance des salons cossus ou des lieux interlopes qu’arpente Charles Dowson alors que le soin apporté aux décors nous fait voyager dans les lieux exotiques qui servent de cadre au récit, les lecteurs les plus attentifs pourront voir des références à l’un ou l’autre tableau de Paul Gauguin… La composition de ses planches est comme de coutume particulièrement fluide alors que la couverture, intrigante à souhait, accroche d’emblée l’œil du chaland…

La Main du diable, planche de l'album © Anspach / Griffo / RodolpheAbordant une thématique faustienne de la Peau de Chagrin de Balzac dans une version moins sombre cependant, Rodolphe revisite avec malice le Diable dans la bouteille de Robert Louis Stevenson, nouvelle inspirée d’une légende allemande, poussant le vice jusqu’à faire de Stevenson l’un des protagonistes du récit…

Alors qu’il voyage sur le Caldonia pour rejoindre San Francisco, Robert Louis Stvenson est abordé par Charles Dawson, un richissime admirateur qui trouve en lui une oreille attentive… Il lui raconte son étrange histoire et comment de miséreux, il devint riche grâce à un étrange artefact à même de réaliser le moindre de ses souhaits. Mais chaque médaille a son revers : s’il n’a pas revendu la Main du diable à l’heure de sa mort, son âme lui appartiendra… Après avoir réalisé tous ses désirs, Charles Dawson revend la main… Mais lorsqu’il est atteint par la lèpre, maladie incurable et hautement contagieuse, il cherchera à racheter la relique, passée de main en main, pour vaincre le mal qui le ronge…

Porté par une structure narrative impeccable et redoutablement efficace et par le trait souple et élégant de Griffo, ce nouveau récit de Rodolphe s’avère on ne peut plus entraînant… Et si l’on repère les motifs de la nouvelle originelle, le scénariste s’ingénue à surprendre le lecteur, rendant la lecture de l’album particulièrement prenante et fascinante…


- C’est grâce à elle que j’ai eu tout ce que vous voyez ! Comme je vous l’ai dit, elle exauce tous vos vœux ! On dit qu’elle a appartenu au Prêtre Jean, celui qui trouva ce royaume souterrain au cœur de l’Asie… Puis au Capitaine Cook, à Napoléon, au Duc de Wellington, à tant de glorieux personnages…
- … Mais dits moi : si cette chose possède de tels pouvoirs, pourquoi ces gens s’en sont-ils défaits ?
- Hum !… C’est là que ls choses se compliquent un peu… Voyez-vous, il est très déconseillé de mourir en l’ayant toujours par devers vous… Satan alors vous rappelle à lui et vous accueille dans son royaume… Les Enfers… Et oui, la damnation ! Il faut la vendre avant votre trépas t, détail capital, la céder à moins cher que vous ne l’aviez payé. Sinon, elle vous revient systématiquement.dialogue entre un riche industriel et Charles Dawson

Le Korrigan




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