Paris, de nos jours. Alors que le Rabbin Moshé Kaplan s’apprêtait à célébrer le mariage de Rachel dans sa synagogue, une berline noire déboule et fait feu sur la foule amassée devant l’église et de nombreux blessés sont à déplorer. Rachel ne s’en relèvera pas…

Fou de douleur et devant l’incurie des autorités, le Rabbin se plonge dans les livres interdits et donne vie à un Golem pour protéger sa communauté et venger la mort de sa fille.

Mis à pied après avoir blessé son agresseur, Katarina Adamova se sent concernée par cette tragédie, comme attirée par une force indicible, ignorant tout des liens qui unissent sa famille à la communauté juive de Prague… Au fil de son enquête et alors que les cadavres atrocement mutilés sont retrouvés, elle va acquérir la certitude qu’un Golem, créature appartenant à la mystique juive s’en prend aux milieux d’extrême droite possiblement impliqués dans l’attentat de la synagogue… Mais comment s’en ouvrir à sa hiérarchie quand on a été mis à pied et qu’on doute de son équilibre mental…

Pour son premier album, la scénariste D.H. Jarmon tisse un polar fantastique entraînant s’inspirant de légende du Golem que Rabbi Loew, Maharal de Prague, aurait créé au XVIe siècle pour protéger la communauté juive des pogroms qui la menaçait… La transposition à notre époque de cette légende ancienne qui a inspiré bon nombre de romanciers, scénaristes et cinéastes s’avère aussi audacieuse qu’entraînante…

Le récit repose sur le personnage de Katarina, figure centrale du récit et une jeune enquêtrice ignorant son passé familial qui vient de perdre sa mère et d’être plaqué par son petit ami, flic lui aussi, et mise à pied suite au faux témoignage de son agresseur. Elle semble ébranlée plus que de raison par l’attentat qui vient de toucher la communauté juive et traverse assurément une mauvaise passe… Mais les choses vont encore empirer alors que son enquête va la conduire tant du côté d’un groupuscule d’extrême-droite qu’elle va tenter d’infiltrer, seule et sans l’aval de sa hiérarchie, que de de celui d la communauté juive et plus particulièrement du Rabbin Moshé Kaplan qui a fait inconsidérément appel à des savoirs kabbalistiques pour protéger les siens et châtier les assassins de sa fille bien aimée. Si le mélange polar / kabbale juive fonctionne plutôt bien et malgré la pagination généreuse de l’album, certaines pivot narratifs ne semblent pas couler de source et aurait pu être plus fluides… Mettons cela sur le compte de la jeunesse de la scénariste qui n’en fait pas moins une entrée remarquée dans le neuvième art.

Le trait généreux du dessinateur espagnol Cesc Dalmases (qui a notamment signé les dessins de La pyramide immortelle scénarisé par le brillant Salva Rubio) porte joliment ce polar teinté de fantastique. Son travail sur les cadrages et les décors dynamisent indubitablement le récit alors que sa façon de mettre en scènes les différents personnages de cette étrange enquête s’avère particulièrement convaincante. Son Golem impressionne quant à lui par la puissance qu’il dégage et il parvient à retranscrire avec efficacité l’étrange relation qu’il entretien avec Katarina.
S’inspirant de l’histoire de son ancêtre pragois créé par Rabbi Loew, Maharal de Prague, Le Golem de Paris nous propose une enquête policière haletante fortement teintée de fantastique…

Mise à pied suite à la plainte mensongère de son agresseur, Katarina Adamova ressent le besoin impérieux d’enquêter sur l’attentat qui a frappé la communauté juive et vu la fille du Rabbi Moshé Kaplan tuée par balle le jour de son mariage… Au fil de son enquête très officieuse qui va le conduire à infiltrer un groupuscule d’extrême-droite, elle découvre l’existence d’un Golem responsable de plusieurs meurtres violents au cœur même de la capitale… Elle ignore encore qu’il a été créé par Rabbi Kaplan pour protéger sa communauté et venger la mort de sa fille…

Le dessin puissant et généreux de Cesc Dalmases et son sens de la composition saisissant portent avec efficacité ce polar ésotérique rythmé et entraînant qui marque l’entrée d’une jeune autrice dans le neuvième art…

- Je t’assure, c’était une créature incroyable. J’ai halluciné. J’ai fait des recherches, et je crois bien que c’est un Golem.
- Un Golem ? C’est quoi ?
- Ma grand-mère Tchèque m’en parlait quand j(étais petite. C’est une légende du folklore juif en Europe de l’Est. Golem, ça veut dire « masse informe », « embryon », « leurre de forme humaine », mais aussi « robot ».
- Une machine, alors, c’est une machine que tu as vu ?
- Non, une créature d’argile mais doué d’une vie autonome. C’est le Rabbi Loew de Prague, surnommé le « Maharal de Prague » qui aurait créé un Golem pour protéger les juifs de la ville des pogroms au XVIe siècle.dialogue entre Katarina et Réda