



Encouragée par sa mère qui rêve de faire d’elle une star, Patricia Douglas n’avait que vingt ans lorsqu’elle est recrutées avec cent-vingt danseuse pour un tournage à la MGM. Mais ce soir du 5 mai 1937, ce n’est pas sur un plateau de tournage qu’elles vont se rendre mais à une fête gigantesque organisée pour les deux-cent-quatre-vingt-deux représentants commerciaux de la compagnie en remerciement des profits records qu’ils ont permis d’engranger.
L’alcool coule à flot. David Ross, commercial à Chicago, se montre un peu trop entreprenant et Patricia se réfugie dans les toilettes pour lui échapper. Ross la rejoint, la menace et la viole après l’avoir forcé à boire de l’alcool avec l’aide d’un de ses collègues…
A une époque où ce genre d’affaire se résout à coups d’arrangement financier, Patricia Douglas décide de poursuivre son agresseur, malgré les mensonges, les faux-témoignages dûment rémunérés et les intimidations dont elle sera victime… Mais trouver un avocat acceptant de la défendre et de s’attaquer à la toute puissante MGM ne sera pas chose aisée…

Qui de nos jours connaît Patricia Douglas ? Son nom est longtemps resté dans l’oubli, preuve les dirigeants de la Metro-Goldwyn-Mayer sont parvenus à leurs fins… Elle n’est certes pas la première à avoir fait l’objet d’agressions sexuelles ou de viol à Hollywood, mais elle est la première, près de 80 ans avant #metoo, à oser porter plainte. Il en fallait du courage à cette époque pour s’attaquer à un studio de cette envergure dans cette société patriarcale qui faisait des victimes des viols des coupables d’avoir provoqué, par leur comportement, leur agresseur… Avec
Seule contre Hollywood, Halim Mahmoud a décidé de rendre un vibrant hommage à cette femme qui mérite qu’on se souvienne d’elle…
S’ouvrant sur la tragique scène de suicide d’une jeune femme qui se jette du haut de la fameuse enseigne surplombant Los Angeles, la structure narrative de l’histoire s’avère particulièrement pertinente bien que le découpage manque parfois d’un brin de fluidité. L’avocat William J. F. Brown qui acceptera de la représenter lors du procès est un personnage intéressant dans sa façon d’aborder le procès, avec un argumentaire solide qui bousculait les usages alors en vigueur… La situation est bien posée, de la difficulté à trouver un avocat au procureur Buron Fitts qui était un proche de Louis Burt Mayer, chef du studio de la MGM, des pratiques condamnables des studios, de la subornation de témoin à la manipulation, sans oublier le harcèlement dont Patricia Douglas fut la victime…

On est porté par l’intrigue et l’on espère que son violeur et ses employeurs qui l’ont protégé plongent et soient justement condamnés… Mais en 1937, que pesait la parole d’une femme face à un société dans laquelle les hommes usent et abusent de leur pouvoir pour se comporter en prédateurs auprès de jeunes femmes aveuglées par le rêve hollywoodien ? Le courage de cette femme n’en reste pas moins admirable, ne serait-ce que parce qu’elle fut la première à oser mettre au grand jour les malversations des studios, bien avant #metoo, nous rappelant combien les choses mettent un temps hallucinant à changer...
La couverture s’avère tout particulièrement élégante en plus de son impact visuel indéniable, avec cette femme qu’on devine apeurée qui est invisibilisée par un homme passant devant elle et ne semble lui porter aucune attention… Le dessin de Halim et ses teintes sépias immergent le lecteur dans l’atmosphère vintage du Los Angeles des années 40. Son trait épuré donne vie à des personnages abjectes ou bouleversants qui rendent ce récit inspiré de faits tristement réels tout à la fois poignant et révoltant…
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Avec Seule contre Hollywood, Halim Mahmoud met en lumière une femme trop longtemps restée dans l’ombre et qui, 80 ans avant #metoo, fut la première à oser traduire en justice son violeur alors protégé par son employeur, la toute puissante Metro-Goldwyn-Mayer…
Censément engagée avec d’autres danseuse pour tourner dans un film, Patricia Douglas se retrouve au beau milieu d’une fête gigantesque organisée par la MGM pour récompenser leurs représentants commerciaux. L’alcool aidant, les propos se font graveleux et les mains baladeuses... Pour échapper à David Ross, un commercial trop entreprenant, la jeune femme se réfugie aux toilettes… Mais l’homme la suit et la viole… Patricia Douglas décide de porter l’affaire devant les tribunaux. Trouver un avocat acceptant de la représenter contre l’un des plus puissant studios hollywoodiens… Commence alors un long chemin de croix que Patricia Douglas endure avec courage…
Le dessin épuré et les teintes sépias de l’auteur immerge le lecteur dans le Los Angeles des années 30. Mettant en scène des personnages bouleversants et de parfaites ordures, le scénario inspiré de fait tristement réels s’avère aussi poignant et révoltant… On ne peut que se réjouir que de nos jours, la peur ait enfin pu changer… Mais que de temps perdu ! Combien de femme furent broyées par la machinerie hollywoodienne avant qu’on ne les écoute ? On ne peut que saluer le courage de cette jeune femme qui fit trembler Hollywood et qui vit sa vie brisée par cette société patriarcale qui régissait le monde en général et celui du cinéma en particulier…
Vous ne comprenez donc rien ! Si je suis ici, c’est pour que ce que j’ai subi n’arrive plus jamais à aucune autre femme. Plus jamais !Patricia Douglas