A l’aube du XXe siècle, Kundan est de retour en Inde après une longue absence. Endossant l’identité de Lord Benedict qu’il a assassiné, il est hébergé au palais du Maharajah avec la Princesse Mary, fille du roi anglais que le regretté Lord Benedict était censé protéger en cas de rébellion…

Malgré les convenances, la jeune fille n’est pas insensible aux charmes vénéneux du vampire qui se montre avec elle aussi prévenant qu’attentionné. Mais ce dernier tisse sa toile et compte bien utiliser la haine des Thugs contre la couronne britannique pour les manipuler et servir sa vengeance contre les prêtresses de la déesse Durga qui ont massacré les siens…

De son côté, Riwetz, médecin personnel du Maharajah, étudie le cadavre qui a causé tant d’émois chez les pêcheurs et arrive à de bien étranges conclusions au sujet d’une maladie contagieuse qui aurait débarqué d’Angleterre en même temps que Lord Benedict. Kavi, Perceptrice et dame de compagnie de Mary et bonne amie de Riwetz est intriguée par Lord Benedict qui semble si bien connaître les coutumes et les traditions…

Luana Vergari et l’incroyable Emmanuel Civiello continuent leur trilogie vampirique exotique qui nous entraîne dans l’Inde post-victorienne à la suite d’une créature de la nuit aussi terrifiante qu’envoûtante…

Plus inquiétante encore que celle du premier opus, la couverture de l’album met en avant toute la bestialité de Kundan qui semble prêt à bondir pour planter ses crocs menaçants dans le cou du lecteur… Dès les premières planches, le lecteur est immergé dans cette inde intemporelle si magnifiquement mise en couleurs et en lumières par les traits délicats d’un artiste comme de coutume très inspiré. Chacune de ses cases est un petit tableau d’une beauté saisissante qui retranscrit avec force l’atmosphère si particulière de chaque scène. Tout aussi remarquable que son style, son découpage alliant classicisme et modernité sert remarquablement bien l’action et accentuant avec art la dramaturgie… Tour à tour enjôleur, lorsqu’il s’agit de faire tomber la princesse Mary dans sa toile, ou révulsant lorsqu’il s’attaque à une victime pour apaiser sa soif ou tente de lutter contre ses macabres pulsions, le vampire mis en scène par le dessinateur allie Eros et Thanatos dans la plus pure tradition du genre… Les palettes utilisées par Emmanuel Civiello nous émerveillent, lorsqu’il s’agit de montrer la beauté de l’Inde, des jardins aux architectures si singulières, et sont vecteur d’angoisse lorsque les ténèbres ou le sang se répandent dans les cases et dans l’histoire…

Et si l’album est graphiquement somptueux, le scénario s’avère des plus intéressants alors que l’étau semble se resserrer autour de Kundan tandis que certains vont peu à peu douter de sa véritable identité. La vengeance patiente et machiavélique du vampire est en marche et l’on devine rapidement que son alliance avec les terribles Thugs n’est que de façade… Le lecteur appréciera le petit jeu avec la jeune Kavi en qui il a reconnu une prêtresse de déesse Durga, ennemie tutélaire des fils de la nuit et ne manque pas de le lui faire savoir à travers de sibyllines allusions éclairées par de somptueux et édifiants flash-backs… Comme Georges Bess l’avait montré en transposant la figure du vampire en Inde avec son fascinant Vampire de Benares, mythes indiens et vampiriques se mêlent de façon envoûtante et cohérente tout en esquissant en filigrane le portrait d’une société indienne sous domination britannique tout à la fois riche et complexe… Porté par les manigances de Kurdan, le scénario est oppressant à souhait et, maintenant que les acteurs et les enjeux sont bien en place, c’est avec impatience que nous attendons le troisième et dernier volet de cette série délicieusement ténébreuse…

Luana Vergari et Emmanuel Civiello poursuivent leur fascinante trilogie mêlant mythe vampirique et mythologie indienne qui nous entraînent dans entraîne dans un pays somptueux et complexe…

Sous l’identité de Lord Benedict dont il a bu le sang, Kundan revient en Inde, des années après que les prêtresses de la déesse Durga aient massacré ses congénères… Guidé son désir de vengeance et son sentiment de toute puissance, il pactise avec les Thugs pour attiser le climat tendu et oppressant propice au bon déroulement de son plan machiavélique… S’il ignore encore que les recherches entreprises par le docteur Riwetz autour d’un mystérieux cadavre vont le mettre sur ses traces, Kundan continue de tisser patiemment sa toile, séduisant par ses charmes sulfureux et sa fausse bienveillance la Princesse Mary, fille du roi d’Angleterre…

Le dessin envoûtant d’Emmanuel Civiello nous immerge dans cette Inde post-victorienne de la plus belle des façons alors que ses somptueuses et fascinantes couleurs directes distillent tour à tour angoisse et émerveillement. Centré sur la vengeance d’une créature de la nuit, le scénario de Luana Vergari s’avère captivant, complétant par petite touche le portrait d’un être froid, cruel et calculateur qui tisse patiemment sa toile… Les acteurs sont en place, le dernier acte va pouvoir se jouera en octobre 2025… Il nous tarde d’y assister pour savoir comment se conclura cette histoire de vengeance et de mort…

Les ténèbres règneront à nouveau. La mort éternelle brillera sur la vie. Ici où tout a commencé, un nouveau lignage de vampires renaîtra de la terre. Et j’en serai le maître.Kundan