Dead en street n’est pas une Bd facile d’approche. Le dessin de De Metter, qui nous a littéralement envoûté dans Dusk, le Sang des Valentines, Emma ou le Curé semble ici quelque peu grossier et rebutant. Et pourtant, ne pas s’attarder pour découvrir cette BD, c’est passer à côté d’une série fascinante à plus d’un titre.

Loin d’être grossier et approximatif, le trait et les couleurs psychadéliques qui émaillent les cases nous replongent avec délice dans une époque révolue, où raisonnaient la voie puissante de Janis Joplin, les guitares de Jimmy Endrix, la voix suave de Jim Morrison ou les rythmes envoûtants de Ray Manzarek. Une époque ou une jeunesse utopiste scandait des slogans contre la guerre et rêvait encore d’un monde meilleur, et ou la révolution et les idéaux de la Beat Generation se dissous dans l’acide, la violence et les drogues psychotropes.

Le dessin de Christian De Metter, plein de finesse et de subtilité, suggérant plutôt que de montrer, pose d’amblée cette ambiance de fin des sixties et début des seventies. Un dessin halluciné envoûtant et fascinant qui mieux qu’aucun autre parvient à nous immerger dans cet univers du Rock 'N Roll, où l’on devine, en filigrane la misère et la violence et la drogue, sans jamais sombrer dans la caricature. Surprenant au prime abord, le style que De Metter adopte ici, plus proche du dessin que de la peinture, donnant à la BD un rythme lancinant et pénétrant qui entraîne le lecteur dans une époque que beaucoup considère comme l’âge d’or du Rock 'N Roll, musique de toutes les folies et de tous les excès.

Le scénario est une petite merveille. Non content de brosser le portrait d’une époque, Thomas Benet fait montre d’une grande maîtrise narrative. L’intrigue se noue de façon impeccable autour de la mort de Jasper Brown, chanteur excessif et charismatique. Et lorsqu’on sait que c’est là sa première bande-dessinée, on se dit que Thomas Benet fait immanquablement partie des scénariste talentueux dont il faudra suivre les travaux avec la plus grande attention! L’ombre diaphane d’un certain Jim Morrison, poëte devenu chanteur charismatique mort dans des circonstances controversée plane sur ces albums.

Une excellente série dont je recommande chaudement la lecture, que vous soyez fan de rock psychédélique, de spiritisme ou de polar bien ficelé…