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Bonjour et merci de te prêter au petit jeu de l’entretien…
Peux-tu nous parler de toi en quelques mots ? (parcours, études, âge et qualités, passions, numéro de carte bleue ou de comptes numérotés en Suisse ou aux Îles Caïmans ?
Bien sûr, je m'appelle Nicolas Grebil, j'ai 34 ans et je suis né à Strasbourg. Je vis actuellement à La Rochelle. J'ai fait des études d'arts appliquées à l'école Pivaut de Nantes et après avoir obtenu mon diplôme "d'illustrateur" en 2012 j'ai enchainé plein de petits boulots tout en travaillant dans le domaine de l'édition jeunesse. En 2015 j'ai repris les études dans le domaine des assurances pour avoir un job alimentaire. Finalement, j'ai tout plaqué en 2020 après COVID pour me lancer à temps plein dans l'illustration ... car comme tu t'en doutes, dessiner c'est ma passion. A côté du dessin, j'aime faire de la musique (piano, guitare), cuisiner, jardiner et du sport en général.
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Enfant, quel lecteur étais-tu et quels étaient tes livres de chevet ? La BD a-t-elle toujours occupé une place de choix ?
Après l'école j'allais généralement à la bibliothèque située juste à côté. Et j'y dévorais tout un tas de Bande Dessinées. Je lisais de tout, mais j'avais vraiment ma BD préférée :
Jojo de André Geerts. J'adorais la grand-mère de Jojo qui lui préparait une montagne de crêpes avant d'aller à l'école retrouver ses potes. Je me laissais facilement embarquer dans ses histoires. Et comme livre de chevet, j'avais
Harry Potter, qui a bercé toute mon enfance et adolescence.
Ado, j'étais plus manga (
Naruto,
Dragon Ball,
HunterxHunter,
Death Note, etc ...) et je plongeais facilement dans l'univers de
Lanfeust.

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Devenir auteur de BD, était-ce un rêve de gosse ? Un auteur en particulier a-t-il fait naître ta vocation ?
On m'a toujours dit "toi tu feras de la BD" et moi j'ai toujours répondu :"Moi je veux faire prof." Peut-être parce mes parents étaient profs ... mais j'ai toujours aimé enseigné. Je ne me voyais pas faire de la BD quand j'étais petit. J'aimais lire et raconter des histoires mais je n'aimais pas l'idée d'être freiné par des cases et des bulles. C'est pour ça que j'ai longtemps hésité avant de me lancer dans l'expérience. L'illustration d'albums jeunesse ça m'a toujours plus parlé ... jusqu'au jour où j'ai rencontré Lylian. Hé oui, c'est grâce à lui que je me suis lancé dans l'aventure et même si c'était un véritable challenge pour moi au début, je ne regrette absolument pas !
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Quelles sont selon toi les grandes joies et les grandes difficultés du métier ?
On ne va pas se mentir, être un artiste c'est compliqué. Financièrement parlant, ce n'est pas facile. Il faut cumuler plusieurs contrats pour s'en sortir. MAIS, j'adore pouvoir vivre de ma passion. Dessiner ce n'est pas quelque chose de contraignant et j'arrive toujours à trouver du plaisir dans ce que je fais, même quand j'ai des commandes pas très "stimulantes" créativement. Il faut savoir être patient, s'accrocher, rebondir. Et puis, dès que ça marche, ça fait plaisir ! Ce que j'aime le plus, c'est me retrouver en dédicace devant les enfants et de voir leurs visages s'illuminer quand ils me parlent de l'album
l'île de Minuit. Echanger avec eux, c'est vraiment précieux et c'est une vraie satisfaction.
Savoir que mes dessins, ou personnages, font rêver d'autres personnes, c'est ça le plus gratifiant dans mon métier !

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Comment ta route a-t-elle croisée celle de, scénariste de Géants et de la Famille fantastique (entre autre !) qui signe le scénario de l’Île de Minuit, votre premier album ?
Le pur hasard !
Non, je blague. Tout part d'un dessin posté sur les réseaux sociaux (facebook). Je ne connaissais pas Lylian, ni même son travail. Je ne suivais pas trop les sorties BD en jeunesse à cette époque. C'est lui qui m'a contacté, un jour où il dédicaçait sur La Rochelle. Je me rappelle très bien. On s'est posé dans un café, je lui ai montré mes carnets de croquis et nous avons longuement discuté d'un projet qu'il avait sous le coude. Et ça m'a tout de suite parlé. Au départ, le projet ne s'appelait pas
l'île de Minuit, les enfants avaient d'autres prénoms ... Nous avons travaillé ensemble, réorganisé les idées ensemble et beaucoup, beaucoup échangé sur ce projet. On ne cherchait pas à révolutionner le genre de la BD jeunesse, mais à créer un album plein d'aventures et de mystères. En fait,
l'île de Minuit est né d'une association d'idées et d'échanges entre deux auteurs.
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Les dialogues ont-ils aussi été écrits à quatre mains ?
Nop ! Je laisse les dialogues à Lylian. Je participe au scénario en donnant mes envies de dessin ou des idées concernant les personnages, l'univers. Mais la ligne directrice c'est bien Lylian qui l'a.

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Qu’est-ce qui t’a séduit dans cette histoire pleine de mystères et d’aventure ?
Les personnages. L'évolution de leur psychologie. Ils sont un peu clichés, mais c'est fait exprès. C'est ce qu'ils vont devenir qui les rend intéressant. J'aime aussi l'idée qu'ils soient en groupe, qu'ils aient une vision complètement différente de ce qui les attend sur l'île. Et bien sûr, le fait que tout se passe sur une île étrange ... ça me permet vraiment de m'éclater sur les décors et de faire de beaux paysages, tant au niveau du graphisme ou de la couleur. L'idée c'est de faire voyager le lecteur !

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Comment as-tu créé l’apparence de Elena, Maya, Hector et Elijah, les quatre héros
amnésiques de l’Île de Minuit ? Lequel avez-vous pris le plus de plaisir à mettre en scène ?
D'abord j'ai suivi un descriptif que Lylian m'avait donné sur les quatre personnages. Mais je ne l'ai pas suivi très longtemps. Parce que pour incarner les personnages, je les ai dessinés de nombreuses fois. Des pages et des pages de personnages avec des looks bien différents. J'ai regardé comment les enfants s'habillaient dans la rue, puis j'ai aussi imaginé leur situation sociale, d'où ils viennent, leurs goûts, les couleurs qui leur sont associées.
En vrai, je les aime tous. Mais Maya est le personnage que je prends le plus de plaisir à dessiner. Parce qu'elle a un côté badass que j'aime bien. Même si, chacun à sa particularité qui fait que je ne me lasse jamais de les mettre en scène. Et j'espère leur faire vivre des aventures pour de nombreuses pages encore !
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Pourrions-nous voir quelques croquis de recherche de personnages ?
En voici quelques-unes !

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Une fois le scénario écrit, comment s’est organisé le travail sur l’album ? Quelles furent les différentes étapes de sa réalisation ? Quels outils utilises-tu pour composer tes planches ?
Au départ j'échangeai beaucoup avec Lylian sur la composition des pages et la narration. Il est un peu mon maitre Jedi pour le coup ! Il m'est arrivé de recommencer 7 fois une planche ! Une fois que j'ai compris comment créer une planche et une bonne narration, ça roulait tout seul.
Donc d'abord je lis le script de Lylian, ensuite je réfléchis à la composition de la planche (nombre de cases, positionnement, etc ...) et ensuite je dessine les scènes au crayon sur une feuille de papier imprimante. Après ça, je soumets l'idée à Lylian et on en discute (pas toujours). Une fois que le board est validé, je mets tout au propre sur ordinateur (tablette graphique) et je corrige mes erreurs de proportion et je rajoute quelques détails. Dans le tome 1, j'imprimais cette planche quasi finie, puis je la retraçais sur une planche A3 à la table lumineuse pour avoir une planche originale avec un beau crayonné. Après ça, je la faisais numériser en HD chez un imprimeur et je travaillais la couleur sur ordinateur.
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Et tu vas procéder différemment pour le second opus ?
Non je ne pense pas.
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Quelle étape te procures le plus de plaisir ?
L'étape du storyboard, parce qu'elle demande le plus de réflexion et c'est là que je découvre en général le script. Mais je prends du plaisir dans toutes les étapes de création en vrai.

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La couverture de l’album s’avère particulièrement accrocheuse… S’est-elle rapidement imposée ou plusieurs versions ont-elles existé avant que celle-ci ne soit choisie ?
J'ai fait plusieurs tests avant d'arriver à celle-ci. C'est également des échanges avec les équipes de Dupuis, même si c'est en partie moi qui propose différentes idées. Mais on peut appeler ça un travail d'équipe !
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Dans quelle ambiance sonore travailles-tu généralement ? Silence monacal ? Podcast ? Musique de circonstances ?
Ca dépend de l'humeur. Je peux travailler dans le silence, comme en musique. Parfois pour me motiver j'écoute une musique en thème avec ce que je dessine. Je suis plus musique de film, ça m'inspire d'avantage que les autres genres. Et quelques fois aussi, je "regarde" un documentaire arte ha ha !
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Quelle B.O. conseillerais-tu pour la lecture de ce premier tome ?
Oula, j'en sais trop rien haha ! J'ai écouté tellement de musiques différentes en réalisant cet album ... Une musique d'aventure ? Non ... franchement, celle que vous préférez !

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En combien de tomes la série est-elle prévue ?
Normalement 5 tomes !
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Tous médias confondus, quels sont tes derniers coups de cœur ?
En BD j'ai adoré "Minuit Passé" de Gaëlle Geniller chez Delcourt ! Tant au niveau du scénario que du graphiste. Une vraie pépite !
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On ne peut qu’être d’accord avec toi ! Cet album, comme son précédent d’ailleurs, est une petite merveille graphique et narrative !
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Pour finir et afin de mieux te connaître, un petit portrait chinois à la sauce imaginaire…
Si tu étais…

►un personnage de BD : Le petit Jojo de André Geerts
►un personnage de roman : Bill Weasley dans Harry Potter
►un animal : Un chat pour roupiller toute la journée
►une chanson : Tennessee - Pearl Harbor by Hans Zimmer (je suis très musique de film)
►un instrument de musique : Un piano
►un jeu de société : Mysterium (ndlr : excellent choix !)
►une découverte scientifique : L'Ecologie Moderne
►une recette culinaire : n'importe quelle recette italienne
►une pâtisserie : Une tarte aux pommes
►une ville : Rome
►une qualité : organisé
►un défaut : râleur
►un monument : le Colisée de Rome
►une boisson : du cidre
►un proverbe : Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage (La Fontaine)
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Un grand merci pour le temps que tu nous as accordé !